presse écrite
Article commandé par l'Équipe - écrit en février 2012 en Corée du Nord
"Pourquoi avons accepté de faire des galas en Corée du nord ?
Tout d’abord, parce que la période correspond avec notre calendrier de compétitions, qui sont notre priorité. En Corée du Nord, le patinage est l’un des sport les plus apprécié avec le football, le ping-pong et le taekwondo. Si nous faisons des galas c’est aussi pour promouvoir notre sport : intéresser le public et les futurs champions de demain. Grace a lui, nous avons la chance de parcourir et découvrir le monde, alors pourquoi pas la Corée du Nord ? Et puis si les nord-coréens sont curieux de savoir ce qu’il se passe à l’extérieur de leurs frontières, en tout cas en matière de patinage, pourquoi refuser ?
Nous voilà donc pour la 3ème fois à Pyongyang, dépouillés de nos téléphones portables et privés d’internet. Nous y étions rendu en 2011 et en 2009. Nous adorons notifier tous les changements d’une année sur l’autre : le nombre de voitures (dont 3 Porsche Cayenne et 2 Hummers), l’apparition des feux tricolores, l’agrandissement de l’aéroport, ainsi que l’évolution de la musique qu’ils écoutent (on est passé en 3 ans aux chants strictement nord-coréen a des remix de tous les classiques américains version flute de pan) et des programmes de télévision.
En tout cas, nous sommes très bien accueillis et cette année nous avons même un « officier de liaison » (interprète – surveillante) qui parle français : Madame Li.
Les gens sont très fiers de leur pays et de leurs leaders : ils ne manquent pas une occasion pour nous rappeler que nous sommes dans le meilleur pays du monde : l’arc de triomphe ici est bien plus grand que celui de Paris, nous avons la plus haute tour de pierre, le plus grand stade de football au monde (50.000 spectateurs), etc.…
Les coréens du nord n’ont pas le droit de tisser des liens avec les étrangers qui vivent a Pyongyang, mais comme nous ne sommes que de passage et que nous passons toute la journée ensemble, Madame Li et d’autres organisateurs se montrent très curieux de ce qui se passe a l’extérieur : le temps qu’il fait, quelles villes connaît on, ce qu’on pense de leur pays, etc.… Ils nous demandent de leur montrer des photos de notre famille et de nos voyages. L’un d’entre eux m’a même demandé de lui rapporter des livres en anglais, quand on reviendra : des romans d’amour ! Ça m’a fait sourire parce qu’ils paraissent tous très solides, toujours sous contrôle, mais finalement ils sont comme nous tous. D’ailleurs, Madame Li nous a demander de lui rapporter des journaux ou livres sur les sports (en anglais ou en français), quand on reviendra…
L’hôtel est correct : nous avons le chauffage dans les chambres – mais pas dans les pièces communes - et l’eau chaude pendant une heure le matin et une heure le soir. Il se situe dans le quartier des sports : tout le long de cette avenue il n’y a que des énormes building de type soviétique : un par sport, avec pour les reconnaître, une sculpture ou une gravure. La patinoire, elle, est situe plutôt vers le théâtre, le cinéma et le centre culturel. A chaque visite nous mangeons exactement les memes repas, c’est souvent froid, mais tout est mangeable. Pour nous, les occidentaux, ils essaient de cuisiner « russe » et les chinois ont un menu coréen.
Pour cette édition, nous avons l’honneur d’être sur l’affiche du gala ! Enfin, quand je dis « être sur l’affiche », je veux dire dessinés à partir d’une photo du gala de l’an passé. On s’est reconnu grâce aux costumes et la posture. Ici, toutes les affiches grand format sont faites comme ca quelque soit le sujet.
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Les galas ont lieu lors du festival annuel Paektustan. Comme toujours, le plateau est très relevé : Plushenko, Lepisto, Denkova/Stavinski et Shen/Xang. Nous faisons un opening le 15 février, et un final le 17 février, avec tous les patineurs locaux. Les répétitions sont assez intéressantes car nous devons faire un changement de partenaire avec le couple de danseurs nord-coréens, sauf qu’ils ne parlent pas anglais, alors nous mimons, et finalement ca marche ! Nous recevons un trophée (sans avoir concouru !) qui pese une tonne. On présente « Dirty Dancing » et notre « Carnaval de Rio », mais le mot d’ordre ici c’est : « ne danser pas trop, ne montrer pas que vous êtes trop joyeux car nous sommes en période de deuil… » Bizarre… Pourtant ils connaissaient nos musiques avant de nous engager.
Pour assister aux 1er et 3ème galas, tous les spectateurs ont reçu une invitation, mais pour le 2nd, l’entrée est libre. Le public est très constant dans ses applaudissements : tous les patineurs sont accueillis et applaudis de la même manière. Et à chaque saut ou porté, ils applaudissent. On sent qu’ils n’ont pas l’habitude des musiques étrangères. En 2009, lors de notre 1ere visite, je me souviens que notre officier de liaison nous avait demandé, alors que Petrenko (champion olympique ukrainien) patinait sur « Mambo n*5 » : ‘et donc ca, c’est du folklore ukrainien ?’. La même année, elle s’était inquiétée a propos de ma santé et du bon déroulement du spectacle a cause de mes bandages sur les jambes (on patinait sur l’exhibition des momies !). Et puis, les organisateurs vérifient aussi chaque costume : ils ne veulent que l’on soit trop dénudés. Ils n’ont cependant pas tortillé a propos de mon costume de Samba, très court et décolleté !
En parallèle aux galas de patinage (qui ont lieu le matin), il y a les galas de natation synchronisé (l’après midi) ou nous sommes conviés. C’est un peu « old school » mais elles sont toutes réglées comme des métronomes, c’est très impressionnant !!! Tout comme les patineurs, ils utilisent uniquement des chants à la gloire du pays et de leurs leaders… on commence à bien les connaître, puisqu’il n’y en a pas 36. Une exposition florale est aussi organisée, la visite est prévue pour le 17 février et même temps que le « city sight tour ». Nous la connaissons déjà par cœur, puisque c’est la même d’une année sur l’autre : elle met en scène une seule fleur dans différents tableaux : la fleur de Kim Jong Il : une sorte d’énorme coquelicot. , créée, pour la petite histoire, par un japonais ! Cette année, nous avons demandé a aller au musée sous conseil des français résidants a Pyongyang.
Apres le 1er gala, un français demande à nous voir. C’est l’attache linguistique, universitaire et culturel du Bureau Français de Coopération en DPRK. Je suis ravie car je sais que c’est le moyen pour nous de sortir du chemin balisé et de pouvoir discuter avec les français qui vivent ici. Nous sommes invités le soir meme a un diner officiel avec le Directeur du Bureau Français de Coopération. Le bureau a ouvert en octobre dernier.
Le lendemain, nous avons également une sortie de prévue : nous irons avec les humanitaires français diner dans l’une des 2 pizzerias de Pyongyang, réservée aux expatriés. On apprend beaucoup sur ce qu’il se passe dans ce pays et cela nous permet d’avoir un point de vue différent de tout ce qu’on peut lire dans les journaux français.
Les patineurs nord coréens ne sont pas dans les meme vestiaires que nous mais on se croise dans les couloirs. Ils sont très contents d’avoir de la visite, sont souriants et assistent à tous nos entrainements. Nous aussi d’ailleurs nous regardons ce qu’ils font. On sent qu’ils travaillent beaucoup, mais leur patinage n’est pas vraiment au gout du jour, tout comme leur équipement : leurs patins et leurs costumes sont d’une autre époque. Ils doivent surement se passer leur matériel d’une génération sur l’autre : leurs patins sont très abimés. A la fin du dernier gala, nous avons fait une longue séance photo, dans le couloir, avec tous les patineurs locaux (qui ont entre 2 et 30 ans): nous avions tous envie de rapporter des souvenirs a la maison. Ils nous prennent la main ou par la taille et aiment beaucoup les câlins. Les très jeunes patineurs étaient vraiment mignons dans leurs costumes de fête. C’était un moment très sympa et très touchant.
La visite de la ville est brève : un tour en minibus, quelques arrêts pour prendre des photos, la fameuse exposition florale et le musée d’art coréen (avec de nombreuses peintures du 18ème siècle et de Propagande). La ville a beaucoup évoluée depuis 4 ans, il ya des nouveaux bâtiments qui sont sortis de terre a la vitesse grand V. On nous a expliqué que les coréens avaient redoubler d’effort lorsque leur leader était mort, pour lui faire honneur…
Pour conclure notre séjour, les organisateurs ont organisé un petit diner ou pour la 1ere fois nous serons tous mêlés : nord coréens et étrangers. Nous sommes assis avec les danseurs sur glace et leurs entraineurs. Ils veulent savoir ce que l’on a pensé de leur prestation, et comment faire pour s’améliorer. Ils nous questionnent aussi sur des questions très techniques, en tout cas ils sont beaucoup plus ouverts que les années précédentes, et nous disent combien ils aimeraient que l’on organise un stage, chez eux bien sur, pour qu’il puisse apprendre des étrangers. Ils nous raconte aussi comment ils s’entrainent, qui paie (le gouvernement des leur plus jeune âge) et que le 4 décembre dernier, leur leader est venu les voir patiner et leur a promis a tous une paire de patins neufs ainsi que des costumes ! Ils étaient hyper contents, sauf que comme il est décédé entre temps, ils sont toujours dans l’attente..."
Voici mes articles pour le CNOSF - écrits en 2013.
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textes pour livres
Texte accompagnant mon portrait pour le livre
"Chercheurs d'Or" de Mamedy Doucara
"Bien sûr, c'est d'abord le rêve de trouver de l'or qui nous donne le courage de creuser, creuser, creuser... et de tenir debout dans les recoins sombres du doute. Bien sûr on veut gagner car, sinon, on s'écroulerait. Mais lorsque, par malheur, on remonte à la surface les mains vides de ce métal précieux, on réalise qu'avec ou sans trésor, le plus beau fut d'avoir exploré les souterrains de sa volonté. Et d'avoir partager ses peurs et ses espoirs avec toute l'équipe de chercheurs."
Préface du livre "Le patinage rayonnant"
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"Mon rêve d'enfant était de participer aux jeux Olympiques, de porter de jolis costumes, de proposer des programmes artistiques et créatifs à l'instar de mes idoles les Duchesnay admirés sur le petit écran. Après Turin 2006 et Vancouver 2010, une médaille olympique à Sotchi représentait mon but ultime. Ça, c'était en pensant "résultat quantifiable". Avec le recul de ces quelques mois, je m'aperçois qu'une carrière est bien plus que des médailles et des chiffres.
2010-2014 : Quatre années qui se suivent et qui seront marquées par des blessures, des changements d'entraineurs et lieux d'entrainements (Moscou, Detroit), des espoirs, des doutes, des déceptions et des victoires (2 médailles d'or européennes et 2 médailles mondiales). Sans cette médaille olympique que nous espérions. Que reste-il ? Finalement, le plus important :
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- Avoir été "acteurs" de notre carrière. Fabian et moi avions, dès le départ de notre partenariat, la même vision de notre discipline : ne jamais oublier ce pourquoi nous étions passionnés. Performer, certes, mais surtout rester honnêtes dans nos choix tant stratégiques qu'artistiques : conserver l'essence même de la danse sur glace et proposer un éventail de programmes qui nous ressemblent sans pour autant se ressembler. C'est ce qui nous a permis de tracer un chemin riche, assurément difficile mais sans aucun regret.
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- Avoir rencontré des personnes exceptionnelles. Certes, nous sommes deux sur la glace mais dans les coulisses, et en amont, des dizaines de personnes ont travaillé avec nous pour faire d'un programme de 4 minutes un véritable spectacle artistique, une performance technique et physique. Pour toutes ces personnes, entraineurs, chorégraphes, sportifs, costumiers, officiels de la fédération française ou internationale... l'aventure ne s'est pas arrêtée à un échange de compétences. À chaque pas et avec chaque membre de notre équipe, nous avons crée des liens affectifs et vécu une aventure humaine.
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- Avoir pu partager des grands moments d'émotions avec notre équipe, nos proches et notre public. Des pleurs, des larmes de jie, des "tranches qui en disent long", des sourires, des discours émus et des regards complices. C'est se sentir vivant que de ressentir toute cette gamme d'émotions !
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Merci à vous tous d'avoir été les témoins privilégiés de notre carrière.
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En tant qu'amoureux du patinage, nous continuerons à transmettre nos valeurs, nos idées afin de participer à l'évolution de notre sport. Fabian est aujourd'hui entraineur et pour ma part, j'aimerais devenir juge. C'est donc à notre tour d’œuvrer en coulisses et d'admirer les chemins de la relève qui se dessinent. L'avenir s'annonce lumineux du coté u patinage français avec une équipe talentueuse et motivée : soyez généreux, allez au bout de vos convictions et surtout : faites nous vibrer !"
Préface du livre "En route pour Pyongchang 2018"
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"L’excellence comme norme.
Depuis la mise en place du nouveau système de jugement, le patinage a changé, évolué. Désormais, les disciplines s’entremêlent. Nous n’avons plus le mouvement de l’une, l’acrobatie de l’autre… mais bel et bien 4 disciplines artistiques qui se nourrissent les unes des autres pour ne garder que le meilleur et offrir au public l’essence même du patinage : la performance technique et physique alliée à la grâce et à l’émotion.
Notre sport a vu naitre des patineurs dont les qualités techniques tutoient la perfection. Dans les éléments mais pas seulement. Chaque pas, chaque attitude, chaque transition semble facile et donne une impression de non-effort, de fluidité dans l’effort qui rend les patineurs irréels, invincibles… Le mot « glisse » prend alors tout son sens. Le patinage est un sport où la performance ne va pas sans l’esthétisme, où la perfection technique s’allie à un sens artistique hors du commun.
Chaque olympiade a son lot de surprises, d’évidences, de déceptions. Mais, aux Jeux, tous les espoirs sont permis. C’est cet espoir qui anime les athlètes, qui les aide à se dépasser, à repousser leurs limites, à se sublimer. Cette quête de l’excellence se traduit par une détermination sans limite indispensable pour faire face à l’adversité, l’effervescence médiatique, l’émotion et la pression. Les Jeux Olympiques sont l’étape tant attendue, tant convoitée pour tous les athlètes. Presque une finalité. Après 4 années de préparation, c’est le moment de décrocher son ticket pour y participer, ou mieux, une médaille. Pour eux, tout se joue en quelques minutes. Il faut faire fie de tout : des heures et des heures d’entrainements, des choix, des doutes, des sacrifices… C’est LE moment, LEUR moment. Un moment unique qu’ils vont nous offrir. Autour de cet événement planétaire, des passionnés des 4 coins du monde vont se rassembler et porter haut les valeurs du sport. Les Jeux Olympiques créent du lien universel. Une fois encore, ils vont nous permettre de vibrer, pleurer, applaudir… de vivre, tout simplement et intensément !
Merci Patinage Magazine de « glacer » ses moments, de prolonger l’éphémère… De nous permettre d’apprécier chaque détail de ces programmes qui passent toujours trop vite. Merci de nous faire partager le regard de ces champions, tout en illuminant le notre."